Cet article est la suite de : Herborisons au bord des chemins de l’eau (5).
Orchis bouffon (Orchis morio, Anacamptis morio)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Orchis bouffon (Orchis morio, Anacamptis morio)
Sa floraison précoce débute mi-avril. Une rosette jonche le sol. L’inflorescence lâche compte une vingtaine de fleurs dont les couleurs varient du rose pourpre au violet. Le labelle , large, comporte 3 lobes et l’on observe au centre des taches de couleur rose-pourpre sur fond blanchâtre. Les pétales et sépales forment un casque. Le terme « morio » traduit par « bouffon » semble énigmatique.
On trouve dans le dictionnaire deux définitions du mot « morion ». La première : « casque ou pot de fer qui coiffait d’ordinaire le fantassin du moyen âge ». La seconde : « se dit des fous ou bouffons et des nains stupides, extrêmement laids, que les Romains entretenaient pour leurs divertissements ». Ces deux définitions appliquées à cette plante désigneraient donc son périanthe en forme de « casque » à l’aspect peu esthétique, voire très laid.
Rappel : cliquez sur les images de ce site pour les agrandir.
Orchis verdâtre (Platanthera chlorantha)
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- Orchis verdâtre (Platanthera chlorantha)
Le mot grec « platus » signifie « large » et « anthêra » = « anthère ». Quant à « chlorantha » il résulte de la contraction de « chloros » = « vert » et « anthos » = « fleur ». Les fleurs de cet orchis sont en effet de couleur verdâtre tandis que celles de « Platanthera bifolia » sont de couleur blanc-lumineux. On l’appelle encore « Orchis des montagnes », « Platanthère à fleurs verdâtres ». Ses loges polliniques divergent tandis que celles de « Platanthera bifolia » (voir Herborisons au bord des chemins de l’eau (4)) restent parallèles.
Cet orchis occupe le même biotope mais fleurit un peu plus tardivement (début juin) et se rencontre plus rarement.
Ophrys bourdon ou frelon (Ophrys fuciflora)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Ophrys bourdon ou frelon (Ophrys fuciflora)
Le mot grec « Ophrys » désigne le sourcil. Deux interprétations ont été données pour ce choix. Le périanthe a une forme arquée, le labelle est recouvert d’une sorte de pillosité. Le mot « fuciflora » se décompose en « fucus » = « frelon » et « flora » = « fleur », soit une fleur ayant l’aspect du frelon ou du bourdon.
Cette orchidée attire effectivement ces hyménoptères. Si sa forme attire quelque peu, ce sont surtout les phéromones qui interviennent.
Cet ophrys privilégie les lieux bien ensoleillés (= espèce héliophile), les pelouses sèches, calcaires. Vous le rencontrerez donc au bord des chemins du Plateau de Langres, sur les talus abrités, orientés au Sud.
Son label brun-foncé aux reflets roux, pubescent, dessine un grand X violet qui se lisérise de jaune clair (= macule). Deux protubérances ou gibbosités apparaissent de chaque côté. Un appendice jaune recourbé vers l’avant le distingue de l’ « Ophrys abeille » qui lui, est recourbé vers l’arrière. Les sépales de couleur rose ou blanc-lilas coiffent le gynostème.
Ophrys abeille (Ophrys Apifera)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Ophrys abeille (Ophrys Apifera)
« Apis » désigne l’abeille et « fera » signifie « qui porte, affiche, étale » soit « qui représente la forme d’une abeille ».
Il occupe le même biotope que le précédent, fleurit un peu plus tardivement (juin), et se distingue par son appendice recourbé vers l’arrière. Si la fécondation croisée n’a pu avoir lieu (faute d’insectes), il peut s’autoféconder en laissant ses pollinies aller au contact de son stigmate (voir la photographie) source de variations que certains considèrent comme d’autant de sous espèces nouvelles.
La mythologie gréco-romaine rapporte que Zeus-Jupiter fut confié au soin de deux nymphes de Crète : Adrasté et Ida que l’on appelait les « Mélisses » mot qui désigne le miel. Du reste, elles le nourrissaient avec le lait de la chèvre Amalthée et le miel du mont Ida.
Un autre texte rappelle l’importance de cet hyménoptère. Il s’agit d’une prêtresse de Corinthe qui refusa l’initiation aux Mystères de Cérès-Déméter à quelques adeptes. Elle fut tuée et l’on vit sortir de son corps un essaim d’abeilles.
Lorsque vous découvrirez cette belle orchidée vous aurez une pensée pour les « Mélisses » crétoises qui nourrissaient leur divinité céleste.
Orchis de Fuchs (Dactylorhiza Fuschii)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Orchis de Fuchs (Dactylorhiza Fuschii)
« Fuschs » prononcez « foukss » signifie « renard » mot qui ne semble pas en rapport avec cette orchidée. Il existe plusieurs savants qui portent ce nom dont Karl Friedrich Fuchs (1776, 1846). Ce botaniste fonda le « jardin botanique de l’université de Kazan » et herborisa avec ses étudiants dans la campagne environnante.
Cette orchidée se distingue de « Dactylorhiza maculata » par son labelle tripartite particulièrement découpé et dont le médian se termine en pointe. La photographie pourrait la représenter.
Elle fréquente davantage les lisières des bois et fleurit en juin.
Orchis singe (Orchis simia)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Orchis singe (Orchis simia)
Plusieurs hybrides de l’ « Orchis militaire » (parfois appelé « Orchis guerrier ») et de l’ « Orchis pourpre » ont des formes qui s’en approchent.
Selon les orchidophiles hauts-marnais, il aurait déserté notre département. Il est vrai que je ne l’ai pas encore trouvé. Cette photographie vient d’un département plus éloigné. Si par hasard vous le découvrez, n’hésitez pas à nous le signaler. Le labelle très découpé et le périanthe confèrent une forme simiesque caractéristique. Cette espèce se rencontre plutôt au sud de Lyon mais on la trouve cependant en Belgique de façon très éparse.
Elle fleurit début avril au Sud et en juin au Nord. Elle fréquente les pelouses sèches et ensoleillées.
Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra)
Du Grec « képhalê » = « tête » et « anthêra » = « anthère ».
Cette superbe orchidée est très rare en Haute Marne. Plante d’ombre ou de demi-ombre, elle s’épanouit sur les éboulis calcaires bien exposés au Sud, sous les hêtraies, chênaies et pineraies.
Sa tige haute de 20 à 60 cm porte 5 à 8 feuilles lancéolées ainsi que des bractées de la taille des fleurs. L’inflorescence en épi simple de 3 à 10 fleurs apparaît fin mai. Celles-ci sont rose-lilas voire bleu-violet. Le labelle porte des ondulations de couleur jaune.
Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium)
« Damascenus » signifiant de « Damas ». On lui donne d’autres noms vernaculaires : « Helléborine blanche », « Céphalanthère de Damas », « Céphalanthère blanche »...
Sa tige haute de 15 à 60 cm est munie de feuilles ovales et de bractées assez larges. 3 à 12 fleurs blanc-crême apparaissent mi-mai. L’épichile présente des rides jaune-orange.
Elle s’épanouit dans les sous-bois de hêtres, de chênes ou de pins. Espèce mésophile à mésoxérophile. « Méso » = « milieu au sens de moyen » « phile » = « aime » soit « qui aime moyennement la sécheresse », « xéros » = « sec ».
Céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia)
D’autres noms lui sont donnés : « Céphalanthère à feuilles en épée », « Céphalanthère à feuilles longues ».
Sa tige haute de 15 à 60 cm porte de nombreuses feuilles lancéolées, dressées, des bractées relativement courtes et membraneuses. Les fleurs qui apparaissent au mois de mai sont d’un blanc-lumineux qui contrastent avec la « Céphalanthère pâle ». Le labelle en forme de cœur présente des taches jaune-orange.
Vous la rencontrerez dans les hêtraies, chênaies et pineraies sur sol calcarifère.
Orchis odorant (Gymnadenia odoratissima)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Orchis odorant (Gymnadenia odoratissima)
Ou encore appelée « Gymnadénie très odorante ».
Elle occupe le même biotope que « Gymnadenia conopsea » et se distingue d’elle par sa floraison plus tardive (juin), par son éperon beaucoup plus court et une tige ne dépassant pas 30 cm. Le nectar de ses fleurs rose-lilas dégage un parfum de vanille qui attire les lépidoptères.
Vous rencontrerez cette frêle orchidée en voie de raréfaction, dans les marais tufeux du Pays de Langres, sur les bords des talus marneux ou calcaires. Prenez bien soin d’elle !
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- Planche didactique d’une épipactis.
Jacques Bochaton
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« Pierres étranges au coeur d’un culte égyptien en Pays lingon »
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Commandes à adresser à Jacques Bochaton 20 rue des Groseilliers 52200 Peigney.
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