Cet article est la suite de : Herborisons au bord des chemins de l’eau (3)
Sabot de Vénus (Cypripedium Calceolus)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Sabot de Vénus (Cypripedium Calceolus)
Sa rareté n’a d’égal que sa beauté. Lorsque l’on découvre cette orchidée au fond de combes fraîches, ombragées, du secteur d’Auberive, on ne compte que quelques pieds.
La tige pubescente qui peut atteindre 50 cm porte de 3 à 5 feuilles larges, embrassantes aux nervures longitudinales. Ses fleurs apparaissent fin mai sous la forme d’un labelle jaune caractéristique en forme de sabot. Les quatre sépales bruns tels des rubans torsadés l’encadrent.
Le mot « cypripedium » vient du grec « Chypris » qui désigne l’île de Chypre là où dans la mer naquit Aphrodite (Vénus). « Pedilon » désigne la chaussure. « Calceolus » signifie « qui a la forme de petit soulier ».
Les aventures de cette déesse de la Beauté et de l’Amour liées à toute forme de sexualité, ont intéressé non seulement les Grecs mais tous les peuples « indo-européens ». Selon l’une des légendes, un pâtre l’ayant surprise, elle s’enfuit en perdant l’un de ses sabots d’or. Lorsque le jeune homme voulut le ramasser, le précieux objet se transforma en une magnifique fleur ressemblant au sabot d’or de la déesse.
Helléborine des marais (Epipactis palustris)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Helléborine des marais (Epipactis palustris)
Voilà encore une superbe orchidée qui apprécie les pelouses humides et les marais tufeux du Pays de Langres.
Sa tige peut atteindre 40 cm. Elle porte des feuilles basales lancéolées, plus petites vers le sommet. L’inflorescence lâche compte de 7 à 14 fleurs. Le labelle à hypochile de forme concave, sans éperon, couleur blanchâtre est parcouru de veines rougeâtres. Les sépales verdâtres à l’extérieur prennent une couleur rougeâtre à l’intérieur.
Rappel : cliquez sur les images de ce site pour les agrandir.
Helléborine sanguine (Epipactis atrorubens)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Helléborine sanguine (Epipactis atrorubens)
Elle partage le même biotope que la précédente.
Sa tige rougeâtre d’une cinquantaine de cm porte de 8 à 18 fleurs disposées en épi. Celles-ci dégagent un subtil parfum de vanille lorsqu’elles s’ouvrent. Labelle , pétales et sépales se colorient en rouge-pourpre voire rouge-brique.
Helléborine à larges feuilles (Epipactis helleborine)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Helléborine à larges feuilles (Epipactis helleborine)
Assez fréquente sur les rives des 4 lacs cette orchidée s’épanouit à l’ombre des aulnes, des frênes ou des saules.
Elle bat les records pour sa taille qui peut atteindre 1 m. Elle porte de 4 à 10 feuilles larges et ovales disposées en spirale. La floraison a lieu en été et de nombreuses fleurs (plus de 30) sont disposées en un long épi lâche. L’hypochile du labelle de couleur rose-brun, cupuliforme, reçoit le précieux nectar.
Listère à feuilles ovales (Listera ovata)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Listère à feuilles ovales (Listera ovata)
Cette discrète orchidée occupe les milieux frais, à la lisière des bois, dans les combes ombragées. Elle côtoie l’ail des ours, le cresson de fontaine, la lunaire vivace...
Sa floraison débute durant le mois de mai. De nombreuses fleurs verdâtres apparaissent en épi allongé. Le labelle présente une langue bifide. Pétales et sépales sont bombés.
Orchis musc (Herminium monorchis)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Orchis musc (Herminium monorchis)
Le mot orchidée vient de leurs tubercules ressemblant à des testicules (orchis en grec).
Selon la doctrine des « signatures », ces organes reproducteurs ont attiré depuis la nuit des temps l’Homme en quête de stimulants sexuels. Dioscoride et Théophraste mentionnaient ces plantes et assuraient qu’elles possédaient des vertus aphrodisiaques. Durant des siècles elles entrèrent dans des recettes magiques, des talismans et autres philtres d’amour.
Le mot « herminium » vient du grec « hermis » qui signifie « pied de lit » serait la forme de son épi.
Il n’existe plus qu’une seule station en Haute Marne où croît cette minuscule et précieuse orchidée (10 cm) dont les fleurs de couleur jaune-verdâtre possèdent un labelle trilobé. On la trouve dans l’un des marais tufeux non loin des sources de la Vingeanne.
Orchis moustique, Gymnadène à long éperon (Gymnadenia conopsea)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Orchis moustique, Gymnadène à long éperon (Gymnadenia conopsea)
Présente dans les marais tufeux, les prairies humides, cette frêle et grande orchidée rose-pâle se reconnaît facilement par une particularité de sa fleur, son labelle divisé en 3 lobes égaux possède en effet un éperon particulièrement long, conique et arqué. Chaque plante peut compter jusqu’à 80 fleurs qui libèrent un léger parfum.
L’étymologie du mot « Gymnadenia » vient du grec « Gymnos » = « nu » et « aden » = « glande ». Quant à « conopsea » il tire son origine de « conops »= « mouche » et « opis » = « aspect ».
Une particularité qui la distingue de la plupart des autres orchidées est sa partie souterraine formée non pas de deux tubercules ovoïdes mais de quatre, cinq ou six lobes oblongs dont la forme ressemble aux doigts d’une main.
Cet orchis digité était autrefois porté en pendentif en guise de porte bonheur.
Orchis à deux feuilles, Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Orchis à deux feuilles, Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia)
Cette orchidée fréquente le même biotope que la précédente.
A sa base, on compte 2 feuilles ovales et allongées. Les fleurs blanches disposées en épi lâche apparaissent en juin. Les sépales extérieurs sont disposés latéralement, les sépales médians et pétales sont recourbés formant un casque. Le labelle en forme de langue allongée prend la couleur verdâtre à son extrémité. L’éperon très allongé est deux fois plus long que l’ovaire. Les anthères disposées parallèlement permettent de la distinguer de l’orchis verdâtre (platanthera chloranta).
Cette disposition est à l’origine de son nom. « Platanthère » est la contraction du mot grec « platys » = « large » et « anthera » = « anthère ».
Ophrys mouche (Ophrys insectifera)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Ophrys mouche (Ophrys insectifera)
Vous trouverez cette petite orchidée éparpillée dans les marais tufeux du Pays de Langres ou encore à la lisière des bois ensoleillés. Peu visible, il vous faudra parcourir pas à pas la pelouse herbacée pour la découvrir.
Le labelle est trilobé de couleur pourpre avec une petite tache centrale bleuâtre lui donnant l’apparence d’une mouche, à ce leurre visuel s’ajoutent des phéromones qui trompent certains insectes. Ce mécanisme séducteur permet à la fleur de coller sur l’insecte ses pollinies. Lorsque l’individu butine une autre ophrys, il dépose sur celle-ci ces précieux amas de pollen assurant ainsi la fécondation.
Que se passe-t-il lorsque l’insecte n’est plus présent ? Tout utilisateur d’insecticides devrait se poser cette question avant qu’il ne soit trop tard !
Jacques Bochaton
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