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Les vins de la Côte des Bar et d’ailleurs...

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Publié le 18 janvier 2021 , par GALLIER Jean, LE ROUX Jacques dans Le Vallage

La Côte des Bar, côte du Bassin parisien, a la particularité de produire des vins appartenant à deux régions viticoles distinctes :
• La Champagne
• La Bourgogne


INTRODUCTION

En matière de champagne, la Montagne de Reims [1] vient spontanément à l’esprit, avec ses cuvées prestigieuses, alors que le champagne de la Côte des Bar, plus méridionale, reste encore méconnu.

Toujours sur la Côte des Bar, et encore plus au sud, nous avons le bourgogne dit de Basse Bourgogne. La région Bourgogne nous fait naturellement penser aux Côtes de Nuits, de Beaune et autres côtes chalonnaise et mâconnaise, mais la Côte des Bar ne nous interpelle pas au premier abord. Pourtant, l’appellation « Chablis » nous est familière, mais nous verrons que cette « Basse Bourgogne » produit bien d’autres appellations, non seulement sur la Côte des Bar, mais aussi sur les côtes de Champagne, de Meuse et de Moselle. Ainsi la Basse Bourgogne nous offre des vins sur quatre côtes géologiques différentes, ce qui est tout à fait étonnant.

Le lecteur trouvera, sur la carte dynamique ci-dessous, les quatre côtes mentionnées :

• Côte de Moselle (marron pour le Bajocien/Bathonien)
• Côte de Meuse (violet pour l’Oxfordien)
• Côte des Bar (bleu clair pour le Kimméridgien moyen/supérieur, bleu foncé pour le Tithonien/Portlandien)
• Côte de Champagne (dégradé de verts en fonction de la couche suivie : Turonien inférieur, moyen, supérieur ; Coniacien)

Note :

La morphologie et la cartographie des côtes du Bassin parisien sont très peu illustrées sur internet. En fin de cet article, nous donnons au lecteur quelques références bibliographiques utiles.

Le nom de ces côtes a été défini dans l’est du Bassin de Paris, soit par la géologie - c’est la seule à portée universelle - (ex : Côte du Dogger), soit par des particularités locales (ex. Côte de Moselle). La Moselle coule au pied de la côte éponyme, du nord de Nancy jusqu’à Thionville, sur environ 70km. Il n’est donc pas étonnant que cette côte emprunte sa terminologie à cette région [2]. Cette appellation régionale est plus accessible à un public non géologue. Elle a valeur, par respect des auteurs anciens, lorsque l’on parle de l’ensemble du bassin. Mais lorsqu’on parle d’une région réduite, au sein d’une même côte, il est tout aussi légitime pour chaque auteur de définir des côtes en fonction, localement, du relief ou de la géographie. Nous avons donc défini, quand nécessaire, un nom local, plus approprié pour la partie de côte étudiée.


PRECISION

Cet article ne se veut pas une redite par rapport aux très nombreuses parutions sur les vins de notre territoire. Nous voulons simplement insister sur l’aspect géographique d’une région viticole que nos contemporains ont encore du mal à situer sans ses diverses composantes.

Afin d’approfondir sa connaissance sur les différentes appellations citées dans cet article, le lecteur pourra consulter quatre sites internet très complets :

www.champagne.fr
www.vins-bourgogne.fr
www.vin-vigne.com
www.vinsvignesvignerons.com

Les données viticoles du présent article sont extraites de ces quatre sites.

LA CÔTE DES BAR

La Côte des Bar est la dernière côte du Jurassique, elle doit son nom aux trois villes qui la bordent :
• Bar-le-Duc
• Bar-sur-Aube
• Bar-sur-Seine

Le front de cette côte est composé au sommet des calcaires du Tithonien surmontant les marnes et calcaires du Kimméridgien sur lesquels sont implantées les vignes, aussi bien pour le champagne que pour le bourgogne.

LE VIN DE CHAMPAGNE SUR LA CÔTE DES BAR

Le champagne de la Côte des Bar se concentre autour de deux villes : Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine, pour former deux régions appelées respectivement le « Bar-sur-Aubois » et le « Bar Séquanais ». La séparation est marquée par l’autoroute A5.

Chaque commune (au nombre de 61) peut produire les appellations « Champagne » et « Coteaux Champenois ».

On notera une particularité de la Côte des Bar qui produit également l’appellation « Rosé des Riceys » sur huit communes, dont les Riceys.

Enfin, 4 communes ne récoltent pas de raisin mais sont habilitées à la manipulation pour le Champagne, ou à la vinification et l’élaboration pour le Coteaux Champenois.

Sur la carte dynamique en fin de cet article, chaque commune de récolte du raisin est marquée par une vignette grise avec une étoile. Les communes de manipulation, ou de vinification et d’élaboration, sont distinguées par une vignette blanche. En cliquant sur une vignette, on peut voir les appellations produites par la commune correspondante.

LE VIN DE BASSE BOURGOGNE SUR LA CÔTE DES BAR

Comme expliqué en début de cet article, la Côte des Bar ne représente pas la totalité des vins de Basse Bourgogne, aussi nous allons commencer par situer les appellations de cette seule Côte des Bar. Elles se répartissent autour de trois agglomérations : Tonnerre, Chablis et Auxerre.

-  Région de TONNERRE
6 communes, dont la ville de Tonnerre, peuvent produire sous l’appellation « Tonnerre », mais la commune d’Epineuil est la seule à délivrer l’appellation « Epineuil ».

-  Région de CHABLIS
Autour de cette commune, 17 communes vont produire sous l’appellation « Chablis ».
Le Chablis est l’appellation géographique la plus représentée du bourgogne de la Côte des Bar.

-  Région d’AUXERRE
Dans la région d’Auxerre il existe plusieurs appellations géographiques :
« Côtes d’Auxerre »
« Saint Bris-le-Vineux »
« Irancy »
« Chitry »
« Coulanges-la-Vineuse »

15 communes peuvent produire, chacune, une ou plusieurs de ces appellations géographiques.

Il faut savoir que les vins de l’Auxerrois, bien avant ceux de la Côte Beaunoise, étaient goûtés à Paris à la table Royale, dès le Moyen-Age [3].

Chacune des 38 communes de la Côte des Bar en Basse Bourgogne, produisant des appellations géographiques, peuvent produire également des appellations bourgogne génériques, à savoir :

« Bourgogne »
« Bourgogne Passetoutgrain »
« Bourgogne Aligoté »
« Coteaux Bourguignons »
« Crémant de Bourgogne »
« Bourgogne Mousseux »

Inversement, 15 communes de la Côte des Bar, distinctes des précédentes, ne produisant pas d’appellation géographique, peuvent produire une ou plusieurs de ces appellations génériques.

Sur la carte dynamique en fin de cet article, chaque commune de récolte du raisin est marquée par une vignette de couleur, codifiée comme suit :

« Tonnerre » et « Epineuil » : pourpre
« Chablis » : jaune
« Côtes d’Auxerre » - « Saint Bris-le-Vineux »« Irancy »« Chitry » - « Coulanges-la-Vineuse » : orange
• Appellations bourgogne génériques : jaune foncé.

En cliquant sur une vignette, on peut voir les appellations produites par la commune correspondante.

NB : par souci de simplification et de clarté, les appellations bourgogne génériques ne sont pas détaillées sur les vignettes.

LES VINS D’AILLEURS DE BASSE BOURGOGNE

La Basse Bourgogne ne produit pas seulement des vins sur la Côte des Bar, mais aussi sur la Côte de Champagne, la Côte de Meuse et la Côte de Moselle.

LE VIN DE BASSE BOURGOGNE SUR LA CÔTE DE CHAMPAGNE

La Côte de Champagne est la première et unique côte du Crétacé, elle fait la séparation entre la Champagne sèche à l’ouest (la craie) et la Champagne humide à l’est (les marnes et argiles de la partie inférieure du Crétacé).
La toponymie est ici trompeuse, car il n’y a pas de « champagne » sur la Côte de Champagne ! Comme nous l’avons vu, le champagne se situe sur la Côte d’Île de France pour sa composante nord, et sur la côte des Bar pour sa partie la plus méridionale.

3 communes de Basse Bourgogne sont concernées, avec des vignes dans la craie du Turonien :

• Joigny, qui est la seule commune à produire le « Côte Saint Jacques ».
• Champvallon et Volgré qui produisent des appellations bourgogne génériques.

Sur la carte dynamique en fin de cet article, chaque commune de récolte du raisin est marquée par une vignette de couleur turquoise. En cliquant sur une vignette, on peut voir les appellations produites par la commune correspondante.

LE VIN DE BASSE BOURGOGNE SUR LA CÔTE DE MEUSE (ICI COTE DU CHÂTILLONNAIS)

Il s’agit du châtillonnais, plus précisément de la région autour de Châtillon-sur-Seine. Cette région viticole ne doit pas être confondue avec le « Côte de Meuse », beaucoup plus au nord.

La Côte de Meuse est située dans la partie supérieure de l’Oxfordien. Son sommet est couronné par les calcaires sublithographiques de l’ex-Séquanien (Calcaires à astartes, plus au nord) qui surmontent l’épaisse série des Calcaires hydrauliques, dont le pourcentage en carbonate (et donc la résistance à l’érosion) augmente progressivement du bas (la plaine) vers le haut (le front de côte). C’est sur les pentes des Calcaires hydrauliques que sont installés les vignobles.

Plusieurs éléments nous montrent que ce vignoble existait depuis l’antiquité mais, comme tant d’autres vignobles, il s’est éteint avec le phylloxéra. Depuis les années 1980, il connaît un nouvel essor grâce à la témérité des vignerons locaux.

Cette région, composée de 23 communes, a centré sa production sur le « Crémant de Bourgogne » dont elle a fait sa spécialité ; mais elle produit également d’autres appellations bourgogne génériques.

Sur la carte dynamique en fin de cet article, chaque commune de récolte du raisin est marquée par une vignette bleue avec une étoile. En cliquant sur une vignette, la notification « Crémant de Bourgogne » apparaît à l’identique, pour les 23 communes de cette région.

Dans la vallée de la seine, on notera que le crémant de Bourgogne rejoint le champagne !

LE VIN DE BASSE BOURGOGNE SUR LA CÔTE DE MOSELLE (ICI CÔTE PÉRI-MORVANDELLE)

Malgré son nom générique de « Côte de Moselle », il n’est pas question ici des vins de Moselle situés tout au nord de cette côte.

Cette côte a une géométrie très particulière : au lieu de suivre fidèlement les auréoles concentriques du Bassin de Paris, elle s’en éloigne considérablement, se moulant autour du Morvan (voir annexe), si bien qu’on peut lui donner le nom de Côte péri-morvandelle à l’image de la dépression du même nom formée par le Bazois à l’ouest, la Terre-Plaine au nord et l’Auxois au nord-est [4].

Cette disposition péri-morvandelle est liée à l’histoire du massif du Morvan qui a toujours été un point haut à l’extrémité du seuil géologique morvano-vosgien. Ce seuil a séparé le bassin de Paris d’un bassin du sud-est (représenté ici par le bassin de la Saône) depuis le début du remplissage sédimentaire de cette région [5]. Si bien que les pendages se sont établis au cours des temps géologiques vers le nord-ouest dans le Bassin de Paris et vers l’est et le sud, selon les lieux et les pendages, dans le bassin de la Saône. Les côtes, selon le schéma classique [6], se sont constituées perpendiculairement au pendage, donnant à celle du Dogger, cet aspect arqué si caractéristique. Entre les deux bassins se situe donc une zone de pendages indécis, passant par l’horizontale : c’est l’axe du Seuil morvano-vosgien qui passe par une ligne Pouilly-en-Auxois, Bay-sur-Aube, Langres, Bourbonne et se poursuit vers l’est jusqu’aux Vosges [7]. Cette disposition explique aussi la dislocation de la côte du Dogger au sud-est de Montbard : le relief y devient tabulaire, proche de l’horizontale, exposant un style morphologique bien différent.

Une autre particularité de cette Côte péri-Morvandelle est qu’elle se rapproche de la Côte du châtillonnais (Côte de Meuse en nom générique) au sud-ouest, dans la région de Clamecy. Cette disposition est due à l’effondrement d’une lanière d’Oxfordien dans le fossé tectonique de Clamecy, le long du horst nord-sud de Saint-Saulge. Ce fossé appartient à un énorme ensemble très complexe de structures effondrées définissant le Fossé de Limagne qui court depuis le Morvan jusqu’à la Chaîne des Puys, coupant en deux le Massif Central le long des vallées de l’Allier et de la Loire.

C’est sur le front de cette Côte péri-Morvandelle que se situe Vézelay, avec ses coteaux de vignes marno-calcaires du Bathonien.

Cette région viticole de 4 communes jouit de l’appellation géographique « Vézelay ».

Sur la carte dynamique en fin de cet article, chaque commune de récolte du raisin est marquée par une vignette verte.

LA CARTE DYNAMIQUE

La carte dynamique, ci-après, reste la finalité de cet article, en positionnant géographiquement les appellations de la Champagne méridionale et de la Basse Bourgogne.

Pour mettre cette carte dynamique en plein écran, cliquez sur le bouton « Full screen » en haut à gauche de la carte. Vous pouvez ensuite agrandir la carte à l’infini avec la touche « + ». Vous pouvez également changer le fond d’écran avec le bouton en haut à droite.


Rappel de la légende.

Côte des Bars
• Vignette grise : « Champagne » - « Coteaux Champenois » - « Rosé des Riceys ».
• Vignette blanche : communes de manipulation ou de vinification et d’élaboration.
• Vignette pourpre : « Tonnerre » – « Épineuil ».
• Vignette jaune : « Chablis »
• Vignette orange : « Côtes d’Auxerre » - « Saint Bris-le-Vineux » – « Irancy » – « Chitry » - « Coulanges-la-Vineuse ».
• Vignette jaune foncé : appellations bourgogne génériques

Côte de Champagne
• Vignette turquoise : « Côte Saint Jacques » et appellations bourgogne génériques

Côte de Meuse
• Vignette bleue : « Crémant de Bourgogne » du châtillonnais

Côte de Moselle
• Vignette verte : « Vézelay »

ANNEXE GEOLOGIQUE

Crédits: Jacques Le Roux
Détails géologiques

FORUM

Si vous avez des questions ou suggestions à propos de cet article, n’hésitez pas à aller sur le FORUM à la fin de ce document.

BIBLIOGRAPHIE SUR LES CÔTES DU BASSIN PARISIEN

Sur ce même site, du même auteur, l’article « LE PLATEAU DE LANGRES, SON RELIEF » Cf. le chapitre « LE BASSIN PARISIEN ».

Cf. COJAN I., BRULHET J., CORBONNOIS J., DEVOS A., FAUVEL P.-J., GARGANI J., HARMAND D., JAILLET S., JOUVE A., LAURAIN M., LEJEUNE O., LE ROUX J., LOSSON B., MARRE A., MOREAU M.-G., RICORDEL C., SIMON-COINÇON R., STAB O., THIRY M., VOINCHET P. (2007). Morphologic evolution of eastern Paris basin : « ancient surfaces » and Quaternary incisions. Mémoire de la Société géologique de France, n. s., n° 178, 135-155.
Figure 4, page 140 et figure 8, page 142.
https://orage.univ-lorraine.fr/files/original/24196f8c7f61f6962985debc097ed60a.pdf

Livret-guide de l’excursion 2007 de l’Association Française pour l’étude du Quaternaire (AFEQ. Page 17.

« Géologie et géographie de la Lorraine. » par LEXA-CHOMARD A. et PAUTROT Ch. (coord.) (2006). Éditions Serpenoise. Metz, 286 p., pages 142-143.

« Le Bassin parisien, un nouveau regard sur la géologie » par GÉLY J.-P. et HANOT F. (dir.), Bull. Inf. Géol. Bass. Paris, mémoire hors-série n°9, 228 p., fiche n°22, page 147, « Le relief de côtes de l’est du Bassin parisien par Jacques LE ROUX et Dominique HARMAND.

Jacques LE ROUX , Dominique HARMAND (2007). La région de Châtenois : Un cadre géomorphologique original. – In : ROTHIOT J.-P. & HUSSON J.-P. coord. (2007). Actes des Journées d’Études Vosgiennes. (Châtenois, 27/10/2006). Société d’Émulation des Vosges : 13-28.

Notes :

[1La Montagne de Reims se situe sur la Côte de l’Île de France, non figurée dans cet article.

[2Cf. DESHAYES M. (1999). L’explication du relief de côtes de la France de l’Est dans la première moitié du XXe siècle. Revue Géographique de l’Est. Vol. 39/1, Géographes de l’Est,1840-1940, pp.1-16.

[3Roger Dion – Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle - 1959

[5Cf. Jacques LE ROUX, Dominique HARMAND (2016). À la recherche du réseau hydrographique perdu de la Vôge . Actes des 18èmes Journées d’Études Vosgiennes, Monthureux-sur-Saône, Nancy, 2016, pp. 15-42. Fédération des sociétés savantes des Vosges.510p.

[6Cf. COJAN I., BRULHET J., CORBONNOIS J., DEVOS A., FAUVEL P.-J., GARGANI J., HARMAND D., JAILLET S., JOUVE A., LAURAIN M., LEJEUNE O., LE ROUX J., LOSSON B., MARRE A., MOREAU M.-G., RICORDEL C., SIMON-COINÇON R., STAB O., THIRY M., VOINCHET P. (2007). Morphologic evolution of eastern Paris basin : « ancient surfaces » and Quaternary incisions. Mém. Soc. géol. France, n. s., n° 178, 135-155.

[7Cf. Jacques LE ROUX, Dominique HARMAND (2016). À la recherche du réseau hydrographique perdu de la Vôge . Actes des 18èmes Journées d’Études Vosgiennes, Monthureux-sur-Saône, Nancy, 2016, pp. 15-42. Fédération des sociétés savantes des Vosges.510p.

Dans le glossaire :
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