D’une longueur de 362 m et d’une hauteur totale de 22 m, sa largeur à la base est de 64 m. A sa construction, elle est la plus haute digue de France. La construction de la digue consista à élever le remblai au moyen de minces couches de bonne terre mélangées à une faible proportion 5% de sable et corroyées successivement à l’aide de rouleaux compresseurs motorisés.
Il faut d’importants volumes de terre ; ceux-ci seront prélevés à la sortie du village de Charmes à droite en direction de Lannes. Ils sont amenés à pied d’œuvre par un petit chemin de fer. La pierre est extraite d’une carrière située sur la montagne de Jorquenay. Elle est acheminée par wagonnets accrochés à un treuil. Tiré par un cheval jusqu’au bord du plateau abrupt, le wagonnet chargé dévale ainsi la forte pente et fait remonter le wagonnet vide.
Le parement amont de la digue est fermé par des gradins superposés de 1,70m de hauteur, séparés par des banquettes de 1 m de largeur et consolidé par des plaques de mortier de ciment.
Les ouvrages de prise d’eau sont en retrait de la digue contrairement au lac de la Liez pour ne pas créer un point faible dans le barrage. Une passerelle métallique relie la plate forme supérieure de la digue à la tour, pour la manœuvre des vannes.
Un aqueduc de fuite relie la tour de prise d’eau et traverse la digue pour conduire les eaux dans le lit de l’ancienne rivière appelé Val de Gris (également ruisseau de Poiseul).
Le réservoir de Charmes ne peut alimenter la partie supérieure du canal (bief de partage) ; ses eaux s’écoulent par le ruisseau du Val de Gris dans la Marne à Rolampont où des ouvrages spéciaux permettent de faire les prélèvements nécessaires aux besoins de la navigation. Cependant un espoir est né en 1958 : un ouvrage de prise d’eau est construit au pont viaduc de la route de Champigny- Changey et avec l’aide de pompes électriques, l’eau est envoyée à la Liez par une canalisation souterraine en ciment. Son usage s’avèrant non rentable, le prix du mètre cube d’eau déplacé étant trop élevé et le rendement insuffisant, le pompage est rapidement abandonné.
Les coteaux contre lesquels s’appuie la digue étant formés d’un terrain perméable, elle est prolongée par deux ancrages évidés, formés de galeries superposées construites en mortier de ciment et fortement comprimé. Cet ensemble d’ouvrages d’une importance exceptionnelle, enfouis dans de vastes fouilles, atteignant jusqu’à 30 mètres de profondeur, ont nécessité des travaux considérables. Ils ont pour but d’empêcher les eaux du réservoir de contourner la digue.
Emmanuel Drouot
Voyez également :
* La digue de Saint-Ciergues
* Lac de Villegusien ou réservoir de la Vingeanne
* Le barrage - réservoir de la Liez : les origines
* Le canal de Champagne en Bourgogne
* L’alimentation en eau du canal de Champagne en Bourgogne