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Découvrons les insectes du bord des chemins de l’eau (3)

Les papillons diurnes qui apparaissent en été
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Publié le 10 août 2015 , par BOCHATON Jacques dans Flore et faune

2. Les papillons diurnes qui apparaissent en été :
Après le passage de la troupe de nos éclaireurs voltigeurs, arrive le bataillon très diversifié. Ces êtres magnifiques ne vivent à l’état d’imago   que quelques mois. Dans cette course contre la montre, ils ont cependant le temps de transmettre leurs gènes pour former de nouveaux individus. Une vie très courte certes mais tellement belle !


Cet article est la suite de Découvrons les insectes du bord des chemins de l’eau (2).

Lépidoptères {JPEG}

Le Grand Mars changeant ou Apatura iris : le mâle nous réserve une très agréable surprise. Lorsqu’on l’observe sous un certain angle, ses ailes sombres traversées de raies claires produisent un chatoiement mauve extraordinaire. Je n’ai jamais observé de tels effets d’autres papillons vivant au Pays de Langres. La femelle, dépourvue de ces manifestations, portait autrefois le nom de « Grand Mars non changeant ».
Le mot « Apates » = ruse se réfère à une stratégie de la déesse Aphrodite qui attira dans un piège, grâce à ses charmes, des Géants hostiles. Ils furent tués par Héraclès. « Iris », déesse arc-en-ciel, messagère des dieux, quittait le monde céleste pour le monde terrestre en volant tel un papillon aussi vite que le vent.

La Carte géographique ou Araschnia levana : voilà un papillon qui aime la mode vestimentaire. Au printemps, il revêt une robe brun-orangé tachée de noir. A l’été, changement radical, il préfère une livrée noire ourlée de blanc. Il s’agit, bien entendu, de deux générations différentes.
Le mot « Araschnia » fait référence à « Arachné », tisseuse émérite qui osa défier Athéna sur son terrain favori. La déesse des Arts et de la Technique, vexée, la métamorphosa en araignée.
Il porte le nom de « Carte géographique » car sur le verso de ses ailes, des lignes jaunâtres suggèrent des chemins ou des cours d’eau délimitant des parcelles de terrains de différentes couleurs. « Levana », déesse romaine, protégeait l’enfant nouveau-né dès que son père le soulevait en signe de reconnaissance.

Le Souci ou Colias crocea  : « Souci » correspond à la fleur éponyme choisie pour sa couleur.
« Colias » désigne un petit cap de la côte orientale de l’Attique où un temple avait été érigé en l’honneur d’Aphrodite. « crocea » vient du grec « krokos », le safran. Cette plante possède des stigmates de couleur jaune-rouge intense semblable à celle des ailes de ce papillon mâle.
Vous le rencontrerez sur les fleurs de Mélilot, Lotier, Trèfle, Vesce, Luzerne et autres légumineuses. Au moins 3 générations se succèdent chaque année. Cette espèce migre et peut parcourir des milliers de kilomètres.

Le Nègre à bandes fauves, le Moiré franconien ou Erebia medusa : ses ailes de couleur brun foncé lui ont valu le nom de Nègre. Des bandes orange-fauve les traversent piquées d’ocelles   noirs pupillés de blanc.
Le mot « Erebia » évoque l’Erèbe, lieu ténébreux des Enfers. Le mot « Moiré » définit un effet d’optique qui induit des couleurs changeantes lors du battement des ailes. L’adjectif « franconien » correspond à la Franconie, région située en Bavière. Quant à « medusa », il désigne la Méduse, l’une des trois Gorgones dont la tête s’ornait de serpents (image des tentacules de l’animal marin).
Vous rencontrerez ce discret papillon dans les sentiers ombragés. Soyez sans crainte, son regard ne vous pétrifiera pas.

Le Damier de la succise, la Mélitée de la scabieuse, la Mélitée des marais, Artémis ou Euphydryas aurinia : Il figure sur la liste des espèces protégées, vous le découvrirez dans les marais tufeux dès le mois de mai. La chenille recherche de préférence la Scabieuse ou Succise (Succisa pratense).
« Artémis » était la sœur d’Apollon (nom d’un autre papillon). Le mot « Euphydryas » résulte de la contraction des mots grecs « euphuês » = élégant, belle allure, et « druades » = driades ou nymphes des chênes. Quant à « Aurinia » il rappellerait une prêtresse des Germains. Notons cependant que les romains vouaient un culte à « Aurinus deus » le dieu de l’or. Quant à « Aurinia saxatilis » il désigne la « Corbeille-d’or ». Ce mot définirait la couleur dorée du papillon. « Mélité » figure parmi les Néréides.
On l’appelle encore « Le Petit Damier à taches fauves » au vu de la répartition en damier des taches sombres sur fond jaune-fauve de ses ailes.

Le Flambé ou Iphiclides podalirius : légèrement plus petit que le Machaon avec 7 cm d’envergure, il appartient aux grands voiliers de la famille des Papilionidés. Ses ailes jaunâtres rayées de noir et sa brillance au soleil ont inspiré son nom. Une longue queue les termine. Il aime les grands espaces et vous le rencontrerez sur les éminences herbacées, les petits sommets dépourvus d’arbres.
Ses chenilles, polyphages, se nourrissent de feuilles d’arbustes tel que l’Aubépine, le Prunellier, le Sorbier, le Cerisier...
Selon la mythologie grecque, « Podalire », frère de Machaon , participa à la guerre contre les Troyens. Comme son père Asclépios, il exerça la médecine au profit des Achéens blessés. « Iphiclès » et son frère jumeau Héraclès partirent en expédition en Troade contre Hippocoon et ses fils.

Le Petit Sylvain ou Limenitis camilla : « Sylvain », dieu de la forêt chez les Romains, s’incarne sous les traits de ce papillon noir rayé de blanc. Il aime folâtrer dans les bois, voleter sur les sentiers sylvestres ombragés, planer entre les houppiers, se réchauffer dans une clairière bien ensoleillée. Il butine les fleurs de Ronces et passe souvent inaperçu grâce à sa tenue de camouflage.
« Limenitis » pourrait venir de « Limentinus », dieu romain qui veillait au seuil des portes. Linné a puisé dans l’Eneïde de Virgile le personnage « Camilla », vierge guerrière qui combattit Enée l’un des fils d’Aphrodite.

La Mélitée orangée ou Melitaea didyma : L’espèce présente des variations importantes selon le sexe (dimorphisme   sexuel), les saisons, les lieux où elle vit. Il existe de nombreuses sous-espèces qui se distinguent par quelques nuances de sa couverture alaire, sources de bonheur pour les entomologistes qui aiment les classements méticuleux !
Ce petit papillon (36 – 42 mm) voltige dans les prés, sur les bords des talus. Les chenilles recherchent le Plantain, la Linaire, la Véronique.

Le Grand Porte-Queue ou Papilio Machaon : il peut atteindre 9 cm d’envergure ce qui lui permet d’effectuer de longs vols.
Il porte le nom du fils du dieu de la médecine Asclépios et de la Nymphe Epione elle aussi guérisseuse. On ne peut le confondre avec d’autres si ce n’est avec le « Flambé » ou « Iphiclides podalirius ».
Ses ailes postérieures ourlées de bleu se terminent pas deux points rouges et une longue queue. Cette particularité lui a valu le nom de « Grand Porte-Queue ». Mâle et femelle possèdent les mêmes dessins ce qui ne permet pas de les reconnaître. Par contre, après l’accouplement au mois de mai, la femelle pond ses œufs sur la Carotte sauvage, l’Aneth ou le Cumin des prés. La chenille se repère facilement grâce à une alternance d’anneaux noirs ponctués de rouge et d’anneaux vert-pomme.
Lorsqu’elle est en danger, elle sort de son anneau prothoracique une sorte de fourche rougeâtre, l’osmeterium, qui émet des molécules nauséabondes afin de chasser ses agresseurs. Une seconde génération arrive en juillet, exceptionnellement une troisième apparaît en septembre.

Le Vulcain, l’Amiral ou Vanessa atalanta : « Vulcain » était le dieu du feu des Romains, l’Héphaïstos des Grecs. La bande rouge qui traverse le fond noir de ses ailes antérieures semble représenter une gerbe de lave incandescente extirpée du fond d’un volcan et projetée dans l’espace obscur.
D’autres verront plutôt la couleur d’un vieil uniforme des amiraux.
« Atalanta » épithète rappelant Atalante, femme surdouée à la course à pied. Elle tuait tous ses prétendants qu’elle dépassait dans cette épreuve. Aphrodite, n’acceptant pas cette situation, sema des pommes d’or devant l’héroïne. Celle-ci ne put s’empêcher de s’arrêter pour les ramasser et de ce fait perdit la course au profit d’Hippomène qu’elle dut épouser.
Là où poussent les orties vous risquez de trouver le Vulcain car la femelle pond ses œufs sur ces feuilles et les chenilles s’en nourrissent avec délectation. Il aime aspirer la sève du bouleau et le suc de tous les fruits juteux.

A suivre : Découvrons les insectes du bord des chemins de l’eau (4)

Dans le glossaire :
Dimorphisme   sexuel Ocelles   potentiel hydrogène

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Lépidoptères

Les papillons diurnes qui apparaissent en été.  


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