Cet article est la suite de Découvrons les insectes du bord des chemins de l’eau (3).
La détermination précise de chaque espèce (voire sous-espèce) ne peut se réaliser qu’à partir de l’examen attentif à l’aide d’une loupe des parties copulatoires ou genitalia. Je laisse cette activité aux spécialistes me contentant de photographier ces êtres surprenants et acceptant du coup quelques erreurs possibles d’identification.
La disposition de leurs écailles et les couleurs vives repoussent les éventuels prédateurs. On parle d’aposémantisme, théorie développée par Alfred Russel Wallace (1823-1913).
« Zygène » est tiré du mot grec « zugon » qui signifie « joug ». Cet objet massif placé sur la tête du boeuf semble suggérer les antennes de ces papillons qui se terminent en massue. Ces organes particulièrement développés chez le mâle captent les phéromones émises par la femelle parfois située à plusieurs kilomètres de distance et conduisent le prétendant jusqu’à sa belle. Vous relirez avec intérêt la célèbre expérience de Jean-Henri Fabre (1823-1915), éminent entomologiste et précurseur de l’éthologie (science du comportement animal), concernant la mise en évidence de ces substances [1].
Le Procris de l’Oseille, la Turquoise de la Sarcille (Adscita statices) : Ce papillon revêt une livrée bleu-turquoise magnifique. Il butine avec intérêt sa fleur favorite, la Sarcille ou Rumex petite oseille (Rumex acetosella). Cette plante commune croît dans les prés qui bordent les 4 lacs. Dérangé, il volette discrètement et se pose sur une autre fleur.
La Zygène de la Carniole (Zygaena carniolica) encore appelée la Zygène du Sainfoin : vous trouverez ce papillon sur les Scabieuses qui peuplent nos prairies et bords des chemins. Ses ailes portent des taches rouges cerclées de blanc-crème, le tout sur fond noir-bleuté. Lorsqu’il butine le nectar il ne prête pas beaucoup d’attention à ce qui l’entoure. Vous pouvez ainsi vous approcher de lui assez facilement.
La Zygène de la Filipendule (Zygaena filipendulae). On lui attribue encore le nom Zygène du Pied-de-poule (Lotus corniculatus). Chacune de ses ailes porte 3 paires de taches rouges sur fond verdâtre. Contrairement à sa dénomination, ce papillon ne recherche pas les Filipendules mais plutôt la Scabieuse ou Knautie des champs (Knautia arvensis) commune dans nos prés et talus. La chenille préfère le Lotier corniculé (Lotus corniculatus) ou le Lotier des marais (Lotus pedunculatus).
La Zygène du Lotier (Zygaena loti) encore appelée la Zygène de la Millefeuille (Achillea millefolium) ou la Zygène du Fer à cheval (Hippocrepis comosa) : sur l’avers de ses ailes antérieures vous observez des taches rouges diffuses sur fond grisâtre. Ce papillon fréquente les pelouses sèches calcaires où s’épanouissent les Centaurées et les Scabieuses. Sa chenille recherche les Trèfles (genre Trifolium), l’Hippocrépide chevelu (Hippocrepis comosa), les Astragales (genre Astragalus), les Coronilles (genre Coronilla).
La Zygène diaphane, des boucages (Zygaena minos) : elle ressemble à s’y méprendre à la Zygène pourpre (Zygaena purpuralis) encore appelée la Zygène du Serpolet. Recouverte d’une livrée diaphane teintée de longues bandes rouges et ourlée de noir elle parcourt les prairies de graminées et les pelouses calcaires sèches. Le couple célèbre ses « noces diurnes » confortablement installé sur une fleur de Scabieuse. La mythologie grecque fait de « Minos » le fils de Zeus et d’Europe. Devenu roi de Crète, il fonda la civilisation minoenne.