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Bassigny - Meuse - Flambart

Le quartier des hôtes de l’Abbaye de Morimond

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Publié le 31 décembre 2016 , par ROUZEAU Benoit dans Le Bassigny

Le quartier des hôtes de l’abbaye de Morimond

L’abbaye du Bassigny implanté à partir de 1117 dans le cours supérieur du Flambart, petit ruisseau, premier affluent notable de la Meuse a joué un rôle considérable dans la gestion de l’ordre cistercien du fait de son importante filiation dans le quart nord-est de la France, en terre d’Empire (Allemagne, Autriche, République Tchèque et Pologne actuelle) et en Péninsule ibérique.
Dès le déplacement du site au tournant des années 1130, suite à d’énormes travaux hydrauliques (voir notice de Georges Viard) les moines du Bassigny n’ont cessé d’édifier des bâtiments pour agrandir et embellir leur abbaye jusqu’à la consécration de la seconde abbatiale en 1253.
Si l’abbatiale a été mise en valeur par les fouilles d’Henri Paul Eydoux dans les années 1950 et par celles du père Grill dans les années 1960, celles mises en œuvre depuis le début des années 2000 ont permis de livrer un ensemble de bâtiments appartenant au quartier des hôtes situés dans la partie ouest de l’enclos monastique.
En effet, les abbés de l’importante filiation de l’abbaye de Morimond qui se rendent au chapitre général de l’ordre cistercien au milieu du mois de septembre chaque année passent par l’abbaye mère. Il convient donc d’avoir un groupe de bâtiment capable d’accueillir plus d’une centaine de visiteurs.
La particularité de cet ensemble fouillé est qu’il ne figure pas sur les plans du XVIIIe siècle (voir article de G. Viard), détruit à l’extrême fin du XVIIe siècle ou dans la première décennie du XVIIIe siècle quand les moines et l’abbé organisent la reconstruction de l’abbaye. Ce dernier a fait dégager la perspective devant ses fenêtres de son palais en démontant ce qui pouvait subsister de l’ensemble après les nombreux saccages de la fin du XVIe et du XVIIe siècles.

Ce groupe de bâtiments s’organise en lien avec le réseau hydraulique de l’abbaye. Il forme un L de 35 m de côté et 11 m de large dont la partie nord borde le grand égout de l’abbaye.

Crédits: B.Rouzeau
projet fouille programmée pluriannuelle

Cette disposition repousse les entrées probables de l’abbaye au Moyen Age soit bien au sud comme pour l’entrée actuelle qui date du XVIIIe siècle, soit de l’autre côté du Flambart canalisé au nord. Néanmoins.
Les deux branches du bâtiment datent, selon des éléments radiocarbones et stylistiques au plus tard de la décennie 1180.
Le bâtiment perpendiculaire au Flambart (bât.A) possédait à l’origine une voute sur croisée d’ogive et les artéfacts livrés par la fouille ont permis de restituer arc doubleau et croisées d’ogive. Les marques lapidaires identifiées au nombre de neuf, recouvraient uniquement les éléments lithiques des piles mais pas celle de la voûte. La présence de cheminées dans les trois salles à l’origine semble suggérer que cette partie est l’endroit réserver à la réception ainsi que et la partie chauffe des plats de cuisine qui s’implante dans la partie aval.
La partie perpendiculaire au Flambart (bât.D) possédait un toit en simple charpente. Du fait de l’étagement du site ce bâtiment est beaucoup plus arasé que le bâtiment A. Néanmoins, de nombreux débris alimentaires ont été retrouvés dans les égouts et drains. Cela semble indiquer une fonction réservée à la préparation des repas et en lien direct au nord avec la pièce de chauffe de la cuisine.

L’ensemble de ces bâtiments et leurs annexes sont parcourus par de multiples drains orientés de différentes manières. Pour le bâtiment A, toutes les salles possèdent un égout drainant en son milieu qui passe par la porte et va se jeter dans le grand égout de l’abbaye. Pour le bâtiment D il s’agit plus de drain qui longent les murs pignons et gouttereau. Des montants en pierres de 20 à 40 cm sont recouverts par des linteaux plats .

Crédits: B.Rouzeau
conduite tuile pente

Par endroit des conduites en tuiles creuses assurent peut-être en plus d’une fonction de drain un apport d’eau potable .

Crédits: B.Rouzeau
drain bâtiment

Une bonne partie de ces drains d’origine ont été scellés avec de l’argile pour assurer aux montant une certaine étanchéité.

A la fin du Moyen Age une bonne partie de la structure est détruite et en sera jamais complètement reconstruite. En effet, la tradition des passages par Morimond des abbés de la filiation est révolue avec le développement des congrégations nationale et le début de la Réforme protestante. Ce qui reste du bâtiment (le bâtiment A) est transformé en bâtiment à vocation utilitaire, forge maréchale, remisage et écurie pour les besoins quotidiens des moines, là encore avec un souci de gérer les eaux pour préserver les bâtiments. La fouille a livré un riche mobilier datant du XIIIe au XVIIe siècle.

Benoit Rouzeau LAMOP, 2016

Mis en ligne par Annita FOURTIER.


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ISBN : 978-2-8143-0317-1
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Lat: 48° 03' 24.84" N
Lon: 5° 40' 19.17" E
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