Léon, Hervé, maréchal-ferrant à Saint-Calais du Désert en Mayenne, épouse une langroise, fille de coutelier, Marie Luquet, qu’il a rencontrée à Lunéville, lors de son service militaire.
De cette union, naissent trois enfants dont Jules Alfred. Celui-ci voit le jour, comme ses frère et soeur, à Saint-Calais du Désert, le 8 février 1868.
Son enfance est marquée par la mort de son père en 1881.
Aussi dépourvue de biens, son épouse Marie-Hervé décide de retourner avec ses 3 enfants à Langres, sous le toit paternel.
Jules Alfred poursuit tout le reste de sa sclolarité à Langres et fréquente notamment, sur les conseils de sa mère, l’école de dessin. Celle-ci possèdant à cette époque une excellente renommée dans le département, est à l’origine de nombreuses vocations et carrières artistiques. C’est au sein de cette école que se formèrent principalement, les peintres Humblot, Morlot, Jules Claude Ziegler ou encore les sculpteurs Joseph et Nicolas Lescornel.
- Crédits: "Coll. Musées d’art et d’histoire Guy BAILLET"
- Bassin de la Grenouille à Blanchefontaine
Jukes Alfred Hervé bénéficie de cet enseignement de qualité, montrant très vite un don certain pour la peinture. Il complète cette formation langroise par des cours à Paris dans les ateliers de Jean-Paul Laurens (1838 -1921), Benjamin Constant (1845 - 1902), Baschet (1862- 1941), et surtout Albert Maignan (1845- 1908).
Grâce à un travail acharné et malgré des conditions sociales très modestes,- Hervé payait ses cours en dessinant les fortifications langroises pour le Génie Militaire - il réussit avec succès les épreuves du professorat de dessin en 1889 : évènement relaté dans le bulletin de la distribution solennelle des prix de l’Ecole Municipale de Dessin (1890, p.3) :
1889 : Brevet pour l’enseignement du dessin dans les lycées et collèges : Hervé Jules de Langres.
Ce succès entraîne sa nomination au collège d’Epinal en 1891 où il exerce son enseignement pendant 8 ans. Il crèe dans la ville de l’Imagerie, une école spéciale d’Art Décoratifs en avril 1896.
Malgré ses occupations, il ne manque pas le dimanche d’aller peindre des paysages mosellans et même de retourner fréquemment à Langres pour reproduire des paysages du sud haut-marnais. Il continue d’ailleurs à participer aux manifestations artistiques haut-marnaise, ainsi expose-t-il dans le cadre de la Sociéte Artistique de la Haute-Marne en 1895, sous le numéro 100, un Coin de rempart à Langres.
- Crédits: « Coll. Musées de Langres. Musée d’art et d’histoire Guy Baillet »
- La Fontaine de la Grenouille à Blanchefontaine
En 1899, il est nommé au lycée du Mans après son passage au degré supérieur en 1897 et promu directeur de l’Ecole de dessin de la ville.
Ainsi quitte-t-il sa région d’adoption pour retourner dans sa région natale. Il s’installe au Mans au "Grabatoire" (le futur évêché) juqu’à son mariage avec mademoiselle Berthe Mathé le 15 juin 1905. A cette date il acquiert l’Hôtel de Vaux dominant la Sarthe et y aménage un vaste atelier, lieu privélégié de sa production picturale.
Il partage son temps entre l’école de dessin et sa production personnelle.
Jules Alfred Hervé se consacre surtout aux portraits : notabilités mancelles, célébrités du Mans, sa famille : sa mère et surtout sa femme.
Il expose dans différents salons parisiens et provinciaux : Salon d’Automne dès son ouverture en 1904 avec "Les toits Bleus" (n°628) ; aux Artistes Français, à Laval, à Rennes, au Mans et même à Langres grâce à la société artistique, cinq numéros sont au catalogue de 1905 : "Le matin sur l’Huisme" (n°162), "Le soir au bord de l’Huisme"(n°163), "Portrait de Monsieur le Chanoine B. "(n° 164), "Portrait de Madame J. Hervé" (n°165), "Le soir de la Toussaint" (Cathédrale du Mans) (n°166).
Au même moment commence à se manifester son neveu Jules René Hervé avec une "peinture décorative" et une "préparation aux examens" (n°167,168).
Jules Alfred Hervé décide alors, afin qu’on ne confonde pas ses oeuvres avec celles de son neveu, d’adopter le nom de sa jeune épouse : il signe dorénavant A. J. Hervé-Mathé se distinguant ainsi de son neveu Jules René.
En 1912, Hervé-Mathé a le malheur de perdre sa jeune femme, morte de phtisie, à l’âge de 30 ans.
Malgré cette perte douloureuse, il continue à se consacrer pleinement à son travail qui se voit couronner en 1914 par la transformation de l’Ecole du Dessin du Mans en Ecole d’Arts Appliqués. Hervé-Mathé lui attribue le nom d’Albert Maignan, son ancien maître. A cette date elle compte 500 élèves, alors que seule une quinzaine l’a fréquentait au début du siècle. En effet Hervé-Mathé y développe différents cours ainsi qu’une chambre d’apprentissage, future chambre des métiers.
L’école d’Arts Appliqués remporte plusieurs prix : médaille d’argent à l’Exposition Internationale de 1900 pour l’Enseignement de l’Art Décoratif. Elle se verra attribuer en 1925 le Grand Prix à l’Exposition des Arts Décoratifs pour la création d’un ensemble mobilier.
Ce souci d’assurer une formation de qualité le poursuit durant toute sa carrière d’enseignant ; ainsi de 1916 à 1921 crée-t-il une Ecole de Vannerie pour la rééducation des Mutilés de guerre.
Il rédige en 1915, à la demande du Sous-Secrétaire d’Etat des Beaux-Arts, un opuscule "De l’apprentissage et développement des Industries d’Art dans le département de la Sarthe", (Le Mans 1915).
Mais pendant cette première Guerre Mondiale, il reçoit également des missions spéciales notamment en 1915 et 1917 pour aller peindre et dessiner les événements du Front. Il est affecté en Chamapgne où il rend compte par son crayon de la vie des tranchées : "attaque du tunnel du Mont Cornillet 1917, le Haut Mont (Marne) vu des tranchées 1917, Soldat algérien, Coiffeur et son client .......".
La paix revenue, Hervé-Mathé retourne dans la Sarthe et se remet à son oeuvre. Les paysages sarthois constituent alors sa principale source d’inspiration : printemps manceau, la vallée de la Sarthe, les maisons du Mans... ;" auxquels s’ajoutent des scènes familiales, après son second mariage en 1920, avec Gilberte Barbet et la naissance de leur fille Julianne.
La Bretagne est également un sujet de prédilection durant cette période de 1920-1940 : marché bretons, églises campagnardes, villages bretons aux couleurs brunes éclairés par quellques coiffes blanches, mer aux reflets vert bleuté se jettant contre les rocher ocres au coucher du soleil.
Seules les périodes de vacances lui donnent l’occasion de quitter l’ouest de la France grâce à des voyages dasn les Alpes, en Alsace, en Auvergne ou encore sur la Côte d’Azur.
Il continue parallèlement à exposer dans les salons parisiens om il obtient diverses distinctions : médaille de bronze en 1922, médaille d’argent en 1932 aux Artistes Français avec "la vieille maison à Camaret". Il est d"core de la Légion d’Honneur la même année.
En 1940, Hervé-Mathé s’établit à Paris 60 Quai des Orfèvres, afin de permettre à sa fille Julianne de suivre des études aux Beaux-Arts.
De son atelier, il peint la Seine, ses ponts, ses berges animées, l’Ile de la Cité.
Son séjour parisien ne lui fait toutefois pas oublier sa ville du Mans où il retourne régulièrement.
Jules Alfred Hervé-Mathé s’y éteint le 3 mars 1953 à l’âge de 85 ans.
- Crédits: "Coll. Musées de Langres. Musée d’art et d’histoire Guy Baillet"
- Fontaine de Neuilly l’Evêque
Texte de Roland MAY
Remerciements aux Musées de Langres pour toute la documentation.