Cet article est la suite de : Herborisons au bord des chemins de l’eau (1).
L’Aubépine (Crataegus laevigata & monogyna)
- Crédits: Jacques Bochaton
- L’Aubépine (Crataegus laevigata & monogyna)
Cet arbrisseau encore appelé « Epine blanche » aux rameaux épineux serrés peuple nos haies et nos buissons bordant nos cours d’eau. Il n’est pas facile de le traverser aussi offre-t-il une barrière naturelle efficace aux intrus. Sa floraison, plus tardive que le prunellier n’apparaît qu’en avril-mai.
Un dicton rappelle que les risques de gelées sont encore possibles à cette période : « Quand l’aubépine entre en fleurs, Crains toujours quelque fraîcheur. »
Les haies ancestrales qui n’ont pas subi l’action dévastatrice des pelleteuses forment de longues murailles ornées d’un drapé floral blanc laineux, gardiennes des troupeaux de vaches ou de moutons et constituent des réserves inépuisables de nectar pour la multitude d’insectes qui viennent butiner.
Certains érudits celtisants en s’appuyant sur le « Beth-Luis-Nion », pensent que les bardes classèrent l’aubépine à la sixième place dans leur alphabet des arbres et que les tribus la vénéraient du 13 mai au 9 juin. La Déesse Blanche jetait des sorts à l’aide d’un rameau d’aubépine.
Chez les Romains, cet arbrisseau garantissait la fertilité et l’union des couples. Il a donné dans notre département des noms de villages et de lieux-dits : Epinant, Epilant, Epineuseval, Belle épine, Notre Dame de l’Epine...
Les jeunes feuilles peuvent être consommées crues en salades, cuites pour des potages. Avec les fleurs vous préparerez un excellent vin apéritif. A partir des fruits ou cenelles, récoltés à l’automne, vous obtiendrez une délicieuse gelée. Pour régulariser votre tension artérielle, améliorer votre sommeil, dissiper vertiges et palpitations, buvez régulièrement des tisanes de ses fleurs.
La Cardamine des prés (Cardamine pratensis)
- Crédits: Jacques Bochaton
- La Cardamine des prés (Cardamine pratensis)
A l’orée des forêts de feuillus, dans les prés humides, autour des mares, le long des sentiers glaiseux vous voyez dès le mois d’avril de longues nappes colorées en rose-violet qui attirent l’un des premiers papillons éclos : l’Aurore (Anthocaris cardamines). Il porte bien son nom ! La tige de la Cardamine, fluette, peut atteindre 40 cm de hauteur. Les feuilles de base en rosette sont imparipennées. Les feuilles caulinaires sont linéaires. Les fleurs possèdent 4 sépales, 4 pétales et réunies en grappes.
Ses propriétés sont celles du Cresson de fontaine mais à un degré moindre. Ne lui a-t-on pas donné le nom de « Nasturtium pratense » ? le « Cresson des prés » ou « Cressonnette ».
Dans le Pays de Langres on l’appelle encore « Pain d’oiseau » car ses graines régalent les passereaux. Si vous aimez les salades composées utilisez cette plante avec des cerneaux, des quartiers d’orange et de citron. Huilez, salez, poivrez.
L’Eglantier (Rosa canina)
- Crédits: Jacques Bochaton
- L’Eglantier (Rosa canina)
C’est au printemps que vous le reconnaîtrez sans problème parmi les autres arbrisseaux qui peuplent les haies et les buissons bordant nos chemins vicinaux et sentiers de traverse. Il se couvre d’une multitude d’églantines à 5 pétales de couleur blanc-rose celle du sang d’Aphrodite, déesse de l’Amour qui s’y blessa.
Son nom, le « Rosier des chiens », lui a été donné car selon le principe des signatures qui veut que toute plante médicinale a de par sa morphologie des propriétés thérapeutiques correspondantes, les aiguillons en forme de crocs de chien conféraient à cet arbuste le pouvoir de guérir des morsures de canidés.
Quant aux faux fruits, les « cynorrhodons », on les appelle couramment « gratte-culs » car l’absorption accidentelle des poils qui entourent les akènes provoque de douloureuses démangeaisons anales.
- Crédits: Jacques Bochaton
- Le Cynorrhodon, fruit de l’Eglantier (Rosa canina)
Cependant, l’églantier est fort apprécié car il concentre de nombreuses substances actives : les vitamines C, A, E, K1, B1, B2, le fructose, des oligo-éléments : potassium, fer, magnésium, soufre, phosphore, des acides organiques... Vous l’utiliserez en tisanes répétées pour vous fortifier si vous êtes fatigué et lors d’affections rénales, lithiases.
Voici une recette pour les gourmets, la confiture de cynorrhodons. Récoltez avant compète maturité ces fruits. Lavez-les. Cuisez-les dans une marmite remplie d’eau (45 mn). Mixez-les. Filtrez à l’aide d’un chinois. Recommencez cette opération en recuisant le contenu du chinois durant 5 mn avec l’eau de cuisson. Mélangez avec du sucre (500 g de pulpe, 250 g de sucre). Faites cuire à feu doux tout en remuant (½ h à 1h).
La Grande Consoude (Symphytum officinale)
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- La Grande Consoude (Symphytum officinale)
Pour découvrir cette robuste plante qui peut atteindre 0,80m de hauteur vous observerez les fossés humides qui bordent les chemins de hallage du canal, là où s’ébattent les jeunes grenouilles vertes (Rana esculenta). Elle s’enracine encore dans les prairies fraîches en bordure des lacs. Les feuilles, longues de 25 cm, lancéolées, un peu repliées et velues, lui ont valu le surnom d’« Oreille d’âne ». L’inflorescence a lieu de mai à juillet. Les fleurs en tube forment des grappes multicolores avec une prédominance de pourpre de rose et de violet (pour mieux attirer les différentes espèces d’insectes).
L’une de ses propriétés lui a donné son nom. Elle « consolide » les os brisés et stimule grâce à l’allantoïne la cicatrisation des tissus. Un dicton de notre folklore confirme cette qualité : « Si tu te coupes la main, Descends dans ton jardin, Et prends-y de la Consoude, Elle fait les chairs se recoudre ».
Deux millénaires auparavant, Dioscoride vantait déjà les vertus de cette plante : « Elle montre une grande force pour souder les divorces de toutes les parties ou membres ». Du reste, on l’appelait encore « l’Herbe à la coupure ». Avec la racine fraîchement râpée on fabrique des pommades, crèmes, onguents, baumes... qui appliqués sur les crevasses, les gerçures des seins par exemple, calment la douleur. Dans le domaine culinaire, vous pouvez composer différentes sauces avec ses feuilles cuites. Elles accompagneront très avantageusement viandes et poissons.
Le Sureau noir ( Sambucus nigra)
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- Le Sureau noir ( Sambucus nigra)
Les hommes de la Préhistoire déposaient auprès de leurs défunts des silex ayant la forme de feuille de sureau ainsi que des fleurs et bois de cet arbuste. Plus tard, les druides lui donnèrent la treizième place dans leur alphabet des arbres qui correspond au treizième et dernier mois de l’année de leur calendrier. L’année se meurt. La couleur noire des fruits en est la manifestation. Mais ce mois annonce la nouvelle année. La couleur blanche, lumineuse, va revenir avec ses fleurs.
Cet arbuste peut atteindre 6 m de hauteur. Vous le trouverez dans les nombreuses haies qui bordent les chemins et sentiers de nos campagnes. Les feuilles ovales, dentées et opposées possèdent de 5 à 7 folioles. Les fleurs minuscules apparaissent en mai et sont groupées en corymbes terminaux. Les inflorescences peuvent atteindre 25 cm et contenir près de 500 fleurs blanches très odorantes. Les fruits sont autant de petites drupes noires à maturité.
Ce sont elles qui intéressent le gourmet. Il faudra effectuer un tri parmi les baies car elles ne sont pas mûres au même moment. Vous pouvez préparer différentes boissons : jus de fruits, vin, liqueur, sirop, eau-de-vie... mais aussi des desserts et entremets : caramel avec les fleurs, tarte, confiture, gelée de baies de sureau.
Sur le plan de la santé, en cas de refroidissements : toux, enrouement, rhume, névralgies, maux de dents, de tête... buvez des tisanes de fleurs dans lesquelles vous ajouterez un peu de miel.
Le Pissenlit dent-de-lion(Taraxacum officinale)
- Crédits: Jacques Bochaton
- Le Pissenlit dent-de-lion (Taraxacum officinale)
Inutile de le décrire tant il est connu. Au printemps, les rosettes apparaissent dans les prés. Les feuilles ont l’aspect denté sur terrain sec et entier sur terrain humide.
Si vous désirez les consommer, choisissez de préférence les pousses qui se trouvent sur les taupinières. Lavez bien toute la plante. Vous pouvez la déguster accompagnée de lardons, de noix, noisettes, d’œufs durs, de foie de volaille... salez, poivrez et mélangez le tout avec de l’huile de noix ou d’olive. Lorsque les fleurs colorent de mille soleils les vertes prairies cueillez-en sans modération. Vous les apprécierez en omelettes. Pour cela versez-les dans de l’huile chauffée et faites-les doucement revenir. Ajoutez sel, poivre, persil. Battez les œufs et lorsque l’omelette prend mélangez vos fleurs. Servez-la aussitôt.
Les fleurs se prêtent encore à la fabrication de vin.Versez 4 litres d’eau bouillante sur 3 litres de fleurs. Laissez macérer 2 jours dans un récipient en verre. Remuez de temps en temps. Filtrez et ajoutez 1,5 kg de sucre, quelques quartiers d’orange et de citron, 1 cuillerée de levure de bière et une petite tranche de pain. Laissez le tout fermenter. Remuez régulièrement. Lorsque le vin a cessé de bouillir (1 mois), filtrez et mettez-le en bouteilles non bouchées encore 2 mois. Enfin, filtrez une dernière fois et embouteillez-le hermétiquement. Plus il sera vieux et meilleur il sera. Consommé (avec modération) en apéritif, ce vin est tonique et dépuratif. A votre santé !
Son nom scientifique « Taraxacum » vient de deux mots grecs : « taraxis », troubles des yeux et « akeomai », guérir. Les Anciens utilisaient sa sève laiteuse pour soigner les troubles de la vue toujours selon le principe des signatures. Mais le nom populaire concerne davantage ses propriétés diurétiques ! Prenez régulièrement des tisanes de ses feuilles, elles sont toniques, dépuratives, stomachiques. Elles stimulent la vésicule biliaire, drainent le foie et les reins, sont efficaces contre la constipation, le diabète, la cellulite, l’artériosclérose et les troubles circulatoires. En fait, cette plante est une véritable panacée et très bon marché !
Jacques Bochaton
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