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L’EAU DANS LA BIBLE

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Publié le 7 octobre 2019 , par METZ-NOBLAT (de) Joseph dans L’eau et les rites sacrés

« L’eau est d’abord source et puissance de vie : sans elle la terre n’est qu’un désert aride, pays de la faim et de la soif, où hommes et bêtes sont voués à la mort. Il y a pourtant aussi des eaux de mort : l’inondation dévastatrice qui bouleverse la terre et engloutit les vivants. L’eau, enfin, lave les personnes et les choses de toutes souillures, de la saleté physique aux souillures spirituelles. Ainsi l’eau, tour à tour vivifiante ou redoutable, toujours purifiante, est intimement mêlée à la vie humaine et à l’histoire du peuple de l’Alliance. » P. Marie-Emile Boismard


L’eau est source de vie

La représentation du monde faite dans le livre de la Genèse distingue les « eaux d’en haut », contenues par une membrane translucide appelée firmament, qui forment le ciel, et les « eaux d’en bas », sur lesquelles repose la terre, qui constituent les mers et les réserves souterraines d’où jaillissent sources et fontaines. Avant même le processus de la Création, il est dit que « l’esprit de Dieu planait au-dessus des eaux » (Gn 1, 2). C’est Dieu qui est maître des eaux : Il donne la pluie au temps voulu, Il retient l’eau des mers, Il abreuve la terre et la comble ainsi de richesses (Ps 65, 11).
De nombreux récits montrent l’importance des puits, en particulier dans les lieux quasi désertiques. Il y est aussi question de querelles pour l’usage de l’eau, comme par exemple dans l’Exode, où Moïse aide sa future épouse à abreuver les troupeaux (cf. Ex 2, 16-22). Le même Moïse, plus tard, fera jaillir l’eau dans le désert, quand le peuple se plaint d’avoir soif (Ex 17, 1-7).

L’eau est puissance de mort

Mais l’eau a aussi un côté maléfique, lorsqu’elle recouvre la terre. C’est le cas du Déluge (Gn 6, 5 – 8, 22), qui noie tout et d’où ne sortent que quelques êtres vivants. Ou de la Mer Rouge refluant sur les Egyptiens (Ex 14, 28). Le peuple hébreu pense d’ailleurs que la mer est un endroit peuplé par les démons et les forces mauvaises, sans doute parce qu’elle est changeante : la houle rend malade le marin, les tempêtes sont violentes, les lacs eux-mêmes attirent les orages. Le miracle de la tempête apaisée exprime la supériorité du Christ sur ces forces : « Qui est-il celui-là, pour qu’il commande même aux vents et aux flots, et qu’ils lui obéissent ? » (Lc 8, 25)

L’eau lave et purifie

Si l’eau sert à étancher la soif, elle permet aussi de laver les aliments, les vêtements, les corps. Elle devient alors expression d’une purification intérieure, quand l’être humain se sait sali par ses manquements, ses défaillances, son péché. Les rites d’ablution sont nombreux dans le culte hébraïque, soit lors des cérémonies au Temple, soit dans l’usage quotidien. C’est ainsi qu’on lave les objets contaminés par une souillure matérielle ou légale (par exemple ce qui a été au contact du sang). On se plonge aussi dans l’eau pour exprimer la conversion, marquant ainsi que l’on meurt pour changer de vie. C’est ce que signifie le baptême proposé par Jean, c’est un des éléments du baptême chrétien. A noter que les eaux du déluge sont en fait des eaux purificatrices, puisque les impies y sont engloutis.

L’eau est signe de la Vie

L’idéal biblique est donc de bénéficier de l’eau, signe de fraîcheur et donc de bien-être, source de fécondité. Un idéal qui prend aussi un côté spirituel : l’homme juste est « comme un arbre planté près d’un ruisseau » (Ps 1, 3), comme une brebis menée par Dieu « près des eaux limpides » (Ps 23, 2).
Dans l’Evangile, Jésus s’entretient avec la Samaritaine au bord d’un puits, et lui propose « l’eau vive » (Jn 4, 1-15). Cette eau est le symbole du don de Dieu qu’est l’Esprit Saint : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme le dit l’Ecriture : De son sein jailliront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en Lui » (Jn 7, 37-39).
Les prophètes avaient d’ailleurs annoncé cette eau. Ainsi le prophète Ezéchiel voit l’eau jaillir du côté droit du Temple, qui assainit tout ce qu’elle touche (Ez 47, 1-12), et le prophète Isaïe annonce une période de prospérité : « Je répandrai de l’eau sur le sol assoiffé, des flots sur la terre desséchée ; je répandrai mon esprit sur ta race, ma bénédiction sur ta postérité » (Is 44, 3).

L’eau est un élément ordinaire, mais son usage a une portée plus grande qu’il n’apparaît au premier coup d’œil. Bien très précieux, par sa nature et sa fraîcheur, pour qui a à endurer la chaleur du jour et la poussière du chemin, elle invite à rechercher le vrai bonheur – qui ne se trouve qu’en Dieu. Le passage par les eaux du baptême, qui lavent et qui nourrissent, ouvre cette voie.

+ Joseph de Metz-Noblat

Evêque de Langres

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