- Crédits: Jacques David
- Propriété de la Famille Peter.
A Buzon, au lieu-dit Nancery dans la propriété de la famille Peter actuelle sourde la source Ste Reine (ce nom était souvent donné à des fontaines curatives). L’abondance des eaux de cette source, a entraîné son captage au profit de Langres (en avril 1842 elle débitait 677 676 litres en 24 heures).
- Crédits: Jacques David
- Propriété de la Famille Peter.
La source de l’Arbelotte en juillet 1839 débitait 280 000 litres en 24 heures. Depuis le XVIII° siècle , les langrois rêvaient de voir l’eau courante au cœur de la cité. C’est en 1839 que furent lancées les premières études sur les ressources en eau de la ville, abandonnées en 1845, reprises en 1845 et enfin ajournées pour des raisons financières. Il fallut attendre 1875 pour adopter un projet précis mais il sera retardé pour cause de faillite avec l’entreprise, et des négociations avec l’armée. Enfin eurent lieu le captage des sources (Sainte-Reine, Valdonne, Arbelotte, Fontaine au Bassin), usine élévatoire à Brevoines fonctionnant à la vapeur, Château d’eau de Bel-Air, réseau urbain et bornes fontaines. A la fin de 1880, on pu enfin inaugurer l’ensemble. Un plantureux banquet eut lieu à l’hôtel de l’Europe le 27 novembre 1880. De longues années passeront avant que l’eau pénètre dans toutes les maisons, et même l’installation de fontaines publiques.
Les langrois utiliseront encore leurs citernes et les 17 puits accessibles.
Les pompes de l’usine élévatoire de Brevoines s’avérèrent insuffisantes, et il faudra les moderniser, puis construire un nouveau château d’eau, place du musée, d’une plus grande capacité.
L’usine élévatoire de Brevoines
Dans les années 1920, la surveillance de l’usine élévatoire, appelée aussi « usine des eaux », fut confiée à la famille Boulanger. Au décès du père, ce sont ses deux fils qui prirent la relève. Quand André l’ainé partit faire son service militaire, c’est le cadet qui assura la succession sous l’autorité d’un fontainier de la ville. André de retour, c’est Roger qui partit à son tour, et André devint le titulaire du poste en 1937 et y resta jusqu’à son transfert à la station de pompage de Champigny, l’usine élévatoire de Brevoines étant devenue obsolète.
En 1944, peu après le débarquement des alliés en Normandie, la caserne Turenne logeait un fort contingent d’allemands, et l’eau vint à manquer pour satisfaire ce surplus de population. Ils organisèrent alors chaque jour une corvée d’eau, constituée en un convoi de petits chariots typiques de l’armée allemande chargée de tonneaux, et tirés par des chevaux. Ils faisaient le plein directement dans le réservoir de pompage de l’usine élévatoire au grand dam d’André Boulanger qui ne pouvait que laisser faire mais l’obligeait à veiller ses pompes la nuit quand le réservoir était suffisamment rempli.
Si l’occupant allemand n’avait pas jugé utile de surveiller les pompes, il n’en fut pas de même à l’arrivée des américains, pendant la durée de leur présence à Langres, deux militaires avaient leur cantonnement à l’usine même et surveillaient à tour de rôle, contrôlant la qualité de l’eau. Il faut savoir que l’armée US a toujours été préoccupée de garder ses soldats en bonne santé.
Les sources
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- Source de l’Arbelotte.
Située sur l’ancien chemin parallèle à la côte actuelle de l’Arbelotte la source du même nom (appelée autrefois Arbolotte) sourde au pied d’une haute falaise abrupte dans laquelle deux niches abritaient des statues, dont la dernière dite Notre-Dame fut dérobée au XIX ° siècle et retrouvée quelques centaines de mètres à l’ouest sur le plateau où elle laissa son nom au lieu, ainsi appelé actuellement « Combe Notre-Dame ».
Débitant une eau fraîche et abondante
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- Source de l’Arbelotte.
, à l’ombre de deux énormes tilleuls, cette source était fréquentée depuis des lustres par les familles langroises qui y venaient avec leurs enfants, profiter de ce coin paisible, ou de nombreux bancs de pierre les attendaient.
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- Vue du site. (source de l’Arbelotte).
Captée en 1875, un trop plein remplissait un bassin peu profond permettait encore de se désaltérer et alimentait d’un débit très réduit le ruisseau dit de l’Arbelotte qui se jette dans la Bonnelle à Saint-Sauveur. Les deux gros tilleuls ayant été abattus et l’enlèvement des bancs mirent fin à ce lieu tranquille.
Elle était considérée comme une eau curative et beaucoup de gens se déplaçaient de loin pour la déguster. Mais elle n’était pas la seule, à Saint-Geosmes la fontaine des malades la bien nommée, située d’ailleurs non loin de la source de la Bonnelle était un lieu de rencontre pour personnes fragiles.
A Brevoines, la source Saint-Renobert dont aucun auteur ne peut donner la situation géographique, mais qui est certainement située à l’angle de la rue Hubert Gillot et de la route de Perrancey, sourde sous une voûte de pierres datant de 1807. Très fraîche et très pure, elle était utilisée au café voisin, 0.20.100.0 pour allonger le Pernod et le pastis et pour y maintenir au frais toutes les boissons. Bien placée sur le passage obligé des gens venant des villages de la « montagne » qui peut dire combien elle a soulagé et désaltéré de milliers de gens ?
La Bonnelle et ses moulins
Prenant sa source à ST-Geosmes
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- Source de la Bonnelle
et grossissant la Mouche à Humes après avoir parcouru seulement 8 kms, elle a alimenté au moins 8 moulins dont 6 sur le finage de Brevoines. Le dernier moulin avant d’atteindre Humes était celui de Saint-Sauveur
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- Ancien moulin Saint Sauveur.
qui existait déjà en 1256 à côté d’un hôpital, tous deux appartenaient au Chapitre de Langres. Il fut sollicité maintes fois pour des besoins sanitaires pour alimenter les patients de l’hôpital, en général des gens contagieux que l’on éloignait des murs de Langres. Mais aussi durant la grande peste de 1636/38 où les pestiférés étaient logés dans des maisonnettes de santé activement installées à gauche de la Bonnelle, juste en face du moulin. Ce lieu s’appelle d’ailleurs pré des maisonnettes, d’après un plan cadastral de 1813. Ce moulin cacha des prêtres réfractaires pendant la révolution et cessa se fonctions vers 1850, où il devint la propriété d’un dénommé Viard qui en fit une petite exploitation
agricole avec jardin et verger. Au début du XX° siècle, la propriété appartenait à un monsieur Bureau qui l’exploitait et qui avait remarqué que l’eau de la source qui alimentait l’ancien moulin, avait des vertus médicinales à tel point qu’il la baptisa « l’eau miraculeuse de St-Sauveur ».
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- Ancien moulin Saint Sauveur.
Il usa beaucoup de son temps en démarches pour la commercialiser, mais il mourut avant d’arriver à ses fins.
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- La Bonnelle traversant "Le moulin Neuf".
Le moulin suivant en remontant vers la source est le « Moulin Neuf » suivi du « Moulin Roy » pont,
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- Pont du Moulin du Roi,vue en amont.
tous deux ayant été exploités pour leurs propres besoins. Vient ensuite l’ancien moulin situé vers le pont de la route de Perrancey
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- Station de relevage désaffectée.
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- Vue de la station de relevage, en amont du pont
qui possède encore son bief et ses vannes, mais qui n’a pas laissé de nom ; par contre il aurait été utilisé pour des besoins de la parcheminerie au XIV° siècle. Plus en amont se trouve « le moulin de la Grande Charrière », rue du Chanoine Rousselle
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- Moulin de Brevoines.
qui d’ailleurs est né dans cette belle maison du XIX° siècle, il était exploité pour une brasserie, puis pour la serrurerie Geuffroy qui fabriquait des charnières de piano, et employait une dizaine d’ouvriers jusque vers 1930. Un peu avant la seconde guerre mondiale,
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- Vue sur le moulin de Brevoines.
l’atelier de la serrurerie fut rasé pour être remplacé par la laiterie Rothlisberger qui fonctionna jusque dans les années 1970 ; la turbine toujours en place et en bon état faisait tourner baratte et écrémeuse, aujourd’hui, le bief est utilisé pour réguler le débit de la Bonnelle. Plus haut était « le moulin Gradot » autrefois appelé « moulin de l’hôpital ».
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- Le pont Bonnard, rue Louis Massotte.
Au-delà, il y avait « le moulin Martin »
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- La ferme d’Arbot
et un autre sur la commune de ST-Geosmes qui devait être dénommé Michelin.
La Bonnelle cheminant au creux d’un profond vallon a sorti quelquefois de son lit provoquant de graves inondations. Dans les années 1920, un gros orage éclata en pleine nuit, et l’eau monta très vite, dans les étables, le animaux avaient de l’eau dépassant le niveau du ventre, un cheval ayant voulu se sécuriser fut retrouvé au matin, les pattes avant dans la mangeoire et complètement exténué, n’ayant pas pu s’en sortir. Un dépôt de fumier sur lequel une poule couvait ses œufs fut emporté et déposé 50 mètres plus loin sans que le volatile ne quitte sa couvée. En 1945 le pont route de Perrancey
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- Propriété de la Famille Peter.
était submergé par le trop plein déversé par un gros orage. Plus récemment dans les années 90, la Bonnelle quitta largement son lit et causa de gros dégâts notamment à la menuiserie Thomassin, où toutes les machines baignaient dans l’eau, il fallut toutes les démonter pour les remettre en état de marche ; toutes les maisons riveraines ont été inondées, et en particulier celle encore de monsieur Thomassin
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- Vue en aval du moulin.
bâti sur une immense cave voûtée qui était remplié jusqu’au niveau de le voûte.
Autrefois, en plein milieu de Brevoines dans la rue de la Bonnelle actuelle, le pont n’existait pas,
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- Pont à Brevoines.
c’était un gué très large dans lequel les animaux venaient s’abreuver dans l’eau peu profonde. A heures régulières les petits troupeaux de bovins de l’époque, et les chevaux accompagnés buvaient les pieds dans l’eau.
C’était aussi un lieu de rencontre notamment pour les femmes qui d’abord s’approvisionnaient en eaux pour la lessive de la maison, avant d’y retourner pour rincer leur linge à l’eau courante.
Ces pratiques cessaient à la fin du XIX° siècle quand le lavoir couvert, encore bien conservé, accueillait les lavandières, et que quatre fontaines réparties dans le faubourg emplissaient les auges pour les animaux et ravitaillaient les ménages.
Hélas, dans les années 1950/60, l’ozone* coupe l’eau à tout cela, les abreuvoirs disparurent, seul celui installé en bas de la rue Hubert Gillot est encore visible sous la forme d’un bac à fleurs entretenues par des voisins, les bassins du lavoir subirent le même sort. Les habitants doivent avoir recours à une adduction individuelle.
Notons aussi que la Bonnelle était il n’y a pas si longtemps une rivière à truites et à goujons qui fit le bonheur des pêcheurs langrois qui fréquentaient les berges du Moulin Neuf jusqu’à Humes.
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- Pont à Brevoines,rue du bief de la bonnelle.
Des loutres étaient parfois visibles du côté du pont de Saint-Sauveur.
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- Vue sur le pont d’accès de l’Ancien Moulin de Saint Sauveur.
La parcheminerie
Au XIV° siècle, une parcheminerie, traitait les peaux de mouton dans l’eau de la Bonnelle, il n’en reste aujourd’hui que la rue qui traverse le village et porte le nom de « rue de la parcheminerie ».
Il faut savoir qu’à cette époque à Langres, les religieux étaient nombreux notamment au Chapitre, et que ces gens étaient les premiers utilisateurs de parchemin. Or à Langres, il n’y a pas d’autre rivière que la Bonnelle toute proche, d’où l’implantation de la parcheminerie, qui eut des heures de gloire, car elle fournissait également en 1360, l’université de Paris par l’intermédiaire de Monsieur Thibaut parcheminier à Langres.
Les moutons élevés sur les plateaux calcaires autour de Langres, fournissaient une peau excellente, par le fait qu’ils n’étaient pas trop gras. D’autre part la qualité de l’eau de la Bonnelle gonflée par le trop plein de sources provenant de l’immense nappe phréatique du plateau de Langres, permettait un trempage favorable des peaux. Le vent sec caractéristique du pays langrois était aussi un facteur important pour le séchage.
Les peaux étaient saupoudrées de sel gris et roulées, quand elles étaient bien imprégnées de sel, on les faisait tremper dans l’eau courante de la Bonnelle. Lorsqu’elles étaient bien dessalées et souples, elles étaient empilées les unes sur les autres, la laine tournée vers le sol, et enduites côté chair ce chaux et de sulfure de sodium, puis on les pliait sur elle-même, la laine à l’intérieur dans l’attente du « prélavage ». Au bout d’une journée seulement la laine se détachait. Elles séjournaient ensuite plusieurs jours dans un bain de chaux appelé « prelain ». Le parcheminier n’aimait pas les moutons trop gras, il fallait les dégraisser par grattage, il préférait les maigres qui n’altéraient pas la texture des peaux.
Quand les peaux sortaient du bain de chaux, elles étaient prêtes pour le « drayage », pour cela, il fallait que les chairs se décollent à l’ongle, elles étaient ensuite écharnées sur un chevalet.
Décrassées ensuite, le parchemin faisait disparaître toute tâche avec d’infinies précautions. Tendue au milieu d’un cercle de bois, la peau presque devenue parchemin était mise à sécher. Pour la rendre plus souple, on pouvait l’humidifier à la brosse, ou lui faire passer une nuit à la rosée, avant d’être retendue dans son cadre circulaire. Après un nouveau séchage, le parchemin était bon pour l’écriture.
Les peaux d’agneau, de veau et poulain mort-né étaient réservées pour la préparation du velin.
Texte de M. ROCROUGE
- Crédits: Géoportail IGN
- Carte IGN de Saints Geosmes à Humes.
- Ce plan permet de visionner la Bonnelle, de sa source à Humes jusqu’à sa confluence.
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