Dans le but de protéger la place militaire de Langres, une ceinture d’ouvrages défensifs fut construite pour la plupart d’entre eux après la défaite de 1870. Ainsi 41 ouvrages militaires comprenant 8 forts, 24 ouvrages annexes ou positions de batteries ainsi que 9 poudrières furent réalisés entre 1869 et 1892 dans le but de verrouiller l’extrémité langroise du plateau. Etablis sur les points stratégiques, souvent en rebord de plateau, c’est-à-dire les points les plus hauts afin de voir l’ennemi arriver de loin, les forts devaient pouvoir résister à un siège, dans les meilleures conditions possibles pour les soldats qui en assuraient la défense, ce qui ne manquait pas de poser le problème de leur approvisionnement en eau, vu l’endroit où ils étaient établis.
- Crédits: G & P Ledoux
- Fort de Peigney - Puits sud
Certes l’hygiène à l’époque devait être assez rudimentaire et il ne semblait pas scandaleux alors de ne pas pouvoir prendre une douche matin et soir. L’eau n’était considérée ici que comme ressource vitale et cela suffisait déjà à rendre le problème de son approvisionnement régulier suffisamment complexe. Ainsi le fort de Peigney, construit entre 1869 et 1872, était alimenté par 3 puits d’un débit total de 20 m3 par 24 heures creusés à 10,5 mètres de profondeur.
- Crédits: G et P Ledoux
- Fort de Peigney - Puits nord
On ne rechignait pas à l’époque dans l’armée à entreprendre manuellement des travaux impensables aujourd’hui s’ils devaient être réalisés dans les mêmes conditions, car il fallait quand même taper dans la roche avant de rejoindre la nappe phréatique, même si l’on utilisait aussi des explosifs. Toutefois ce type d’approvisionnement devait s’avérer insuffisant en cas de canicule pouvant faire baisser les nappes phréatiques. Aussi était-il complété par le système Rouby, système de sources artificielles qui était composé d’une surface de réception, d’un laboratoire ou filtre et de citernes. La surface de réception, de forme rectangulaire ou trapézoïdale, pouvait couvrir de 1000 à 3000 m2 en fonction de la capacité militaire du fort car on tablait alors sur une quantité d’eau d’1 m3 par homme et par mois soit un peu plus de 30 litres par jour, ce qui n’est pas énorme si à la toilette on ajoute la cuisine et la boisson. Cette eau n’était pas recueillie directement mais filtrée dans un filtre en 2 parties, d’une surface d’1 m2 sur 1,25 m de profondeur. Dans la première, l’eau s’écoulait à travers du mâchefer, du gravier de broyeur et des débris de fer. Dans la seconde, elle traversait du sable de rivière et du mâchefer avant de s’écouler par des canalisations vers les citernes du fort. Ces citernes, creusées dans le sol, maçonnées et enduites de ciment, pouvaient contenir jusqu’à 400 m3. L’ensemble des puits et des citernes devaient ainsi permettre aux troupes d’affronter dans les meilleures conditions hydriques possibles les périodes les plus sèches.
Vous trouverez ci-après la liste des forts de la ceinture défensive de Langres.
Fort de Plesnoy (Médavy) - Fort de Dampierre (Magalotti) - Fort de Saint-Menge (Ligniville) - Fort de Peigney (Constance Chlore) - Fort de la Marmotte - Fort du Cognelot (Vercingétorix) - Fort de la Bonnelle (Decrès) - Fort de la Pointe de Diamant (de France) - Fort de Montlandon (Mortier)
(Tous nos remerciements à M Jean-Claude Fourtier pour la documentation qu’il nous a aimablement fournie.)
- Plan du fort de Peigney
- Plan du fort de Peigney (document aimablement fourni par B. Plissonnier)