Le 31 décembre 1990 : fermeture de l’hôpital thermal militaire
A l’issue de 256 années d’activité, l’hôpital thermal militaire de Bourbonne-les-Bains ferme définitivement. « Trop de dépenses pour l’Etat ! » estime le ministre de la Défense.
« Sans remonter les origines du thermalisme militaire aux soldats d’Hannibal, on peut penser que les légions romaines profitèrent des eaux de Bourbonne pour soigner leurs blessés, à la suite des campagnes de Drusus, entre l’Elbe et le Rhin… », écrit le Dr. Michel Jaltel en historien du thermalisme. Cela dit, jusqu’au XVIIe siècle, tout porte à croire que les soldats logèrent et prirent les eaux au domicile des particuliers. En 1673, l’abbé Charles ouvre une maison de charité qui héberge des soldats blessés. Il faut attendre 1702, pour que Louis XIV autorise par lettre patente la fondation d’un hôpital pour héberger les militaires, mais ce n’est qu’en 1730 que Louis XV déclenche enfin la construction d’un hôpital militaire royal.
Cinq ans plus tard, l’hôpital militaire ouvre et accueille des centaines d’officiers et des bataillons de soldats. De 1777 à 1780, cet établissement est prolongé par un bâtiment qui enjambe la rue Férat grâce à une porte charretière. A partir de 1786, il est enfin doté de thermes et devient hôpital thermal militaire. Les campagnes napoléoniennes entrainent un déferlement de militaires.
Au cours de la guerre 14-18, l’hôpital militaire thermal est transformé en hôpital d’évacuation secondaire. En 1940, les Allemands y établissent leur cantonnement. Les installations thermales sont démontées et les métaux récupérés pour la fabrication d’armes. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale devant l’ampleur des dégâts, l’Etat décide de ne pas remettre en service les bains des militaires. Alors que l’hôpital militaire rouvre en 1947, une convention est établie avec l’établissement thermal civil afin que les militaires viennent y prendre les eaux.
En revanche, l’hôpital devient une sorte d’hôtel pour militaires. Sous le gouvernement de François Mitterrand, le ministre des Armées, Jean-Pierre Chevènement, constate que cet établissement comme d’autres du même genre en France coûte trop cher à l’Etat et décide de sa fermeture. Le 31 décembre 1990, l’hôpital militaire ferme à jamais ses portes.
L’année suivante, la municipalité de Bourbonne devient propriétaire des bâtiments. Ils abritent désormais l’office de tourisme (Centre Borvo), des salles de loisirs (Clocheton) et des hébergements pour les curistes. Là-dessus, s’éteint aussi le nom du Dr. Jean-Antoine Villemin, pionnier de la lutte antituberculeuse, qui avait été donné à l’hôpital thermal militaire en 1982.
Michel Thénard
Document paru dans la Voix de la Haute-Marne, le 27 décembre 2019.