Certes, sa grande taille qui se situe entre 90 et 115 cm, son poids qui avoisine les 2 kg, son envergure impressionnante qui approche les 2 m font qu’on ne l’imagine pas doté d’un appétit de moineau. Son bec jaune, long et effilé comme un poignard lorsqu’il détend son cou à la vitesse de l’éclair pour transpercer de part en part un gros poisson ne lui vaut pas la sympathie que l’on accorde aux herbivores.
Pourtant, ne pêchant que dans des eaux très peu profondes, quelques dizaines de cm, sa prédation ne s’exerce que sur une surface infime et la quantité de poisson qu’il peut absorber reste négligeable à l’échelle d’un lac ou même d’un petit étang.
D’autant que, s’il est indéniable que sa ressource alimentaire principale reste le poisson, il n’empêche que son régime est omnivore et qu’il ne néglige pas de gober, surtout à l’automne et en hiver où on le voit fréquemment arpenter les près, tout ce qui se présente, allant des derniers insectes aux mulots en passant par les grenouilles et même les serpents.
Ajoutez à cela qu’il est affublé du cri le plus déplaisant de toute la gent ailée, une sorte de croassement rauque et puissant que l’on imaginerait plutôt dans le bec d’un oiseau préhistorique et vous comprendrez qu’il est heureux pour lui d’avoir été ajouté sur la liste des espèces protégées en 1974, après avoir été longtemps persécuté. Il peut maintenant arpenter les rives de nos lacs de sa démarche précautionneuse, raide et compassée et traverser le ciel de son vol lent et majestueux sans risquer qu’on lui fasse un mauvais parti.
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